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PRESSE

Ils ont vu Ode à Médine

Bruno Fougniès pour Reg'arts

Il y a la mère, le père et la fille. Elle s’appelle Médine. Elle a quatorze ans.

C’est la mère qui parle, elle raconte, sa vie, sa fille, son mari.

Elle décline surtout sa passion pour les plantes, les fleurs, les azalées entre autres.

Elle a rempli la maison et sa vie de ses plantes et de l’attention qu’elle y porte. Elle les arrose, les bichonne, leur parle, les considère au même titre que des êtres vivants.

Elles sont son monde à elle. Elles sont son air, son rêve, son âme, son évasion.

Elles sont aussi ses seules amies, ses alter ego, ses enfants qu’elle allaite de l’eau qu’elle leur donne en abondance. Elle est peut-être elle-même une plante. Du moins elle en a presque la vie.

Sabine Revillet s’est inspirée d’un fait divers pour écrire ce texte fort et dépouillé. Mais pas question pour elle de décrire par le menu le drame originel de cette famille. La richesse de cette histoire réside dans ce qui ne se dit pas, et ce qui échappe. Et c’est tout le mérite de la mise en scène de Stéphanie Corriea et de l’interprétation remarquable et si personnelle de Maïté Cotton que d’aller dans le sens  symbolique contenu dans les mots.

Tout part d’une anecdote. La fille, un soir, sort de la maison seule et passe une partie de la soirée dans la rue. C’est tout.

On pourrait dire que le thème central de cette pièce est l’Infortune. Mais il est surtout question ici de la violence : violence des hommes sur les femmes, violence de la morale sociale, du jugement des autres, de leurs regards, sur les individus, la liberté.

De la poésie presque naïve, sensuelle et un peu folle, le spectacle bascule alors de plus en plus vers une tragédie âpre où l’innocence périt sous le coup de l’aveuglement et du fantasme. La comédienne se laisse alors envoûter par l’incarnation du père et sa bouche se met à proférer des mots d’une extrême violence, d’une crudité totale, des ordures de mots que le père déverse sur le visage innocent de sa fille… Et l’incroyable est là : les seules salissures viennent de ce père étroitement panique dans un monde où le jugement de la communauté est plus sacré qu’une vie.

L’histoire originale s’est déroulée en Turquie. Mais l’histoire racontée ici se défie de toute identification nationale, et c’est une ode à l’innocence universelle que Médine représente ici.

Bruno Fougniès

 

-> L'article sur le site Reg'arts

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