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L'OBJECTIF

 

L'objectif dans les centres sociaux était de susciter et de créer un  débat sur la thématique de la violence faite aux femmes, de déclencher des réflexions intérieures auprès de ces femmes sur leur propre vie. Suis-je vraiment libre? Est-ce que je veux cette vie pour mes filles? C'est par là que l'on arrive à changer les choses.

Certaines de nos spectatrices sont des femmes violentées qui ont quitté le domicile conjugal pour se réfugier dans les associations en lutte contre les violences faites aux femmes.

Le public était très affecté par la situation et le spectacle a permis aussi de réagir sur le quotidien des femmes qui subissent toutes formes de violence.

Les débats étaient riches en rebondissement souvent avec violence.

Je prends un exemple: le débat a été houleux.  Nous avons assisté à une confrontation de points de vue entre une jeune fille de 25ans et une dame de 75ans.  La dame plus âgée estimait que “la femme” ne pouvait pas sortir comme “l'homme” et que pour sa sécurité, il fallait qu'elle soit accompagnée... La jeune fille voilée, a rétorqué qu’elle a le droit de sortir comme son mari, qu'elle a le droit d’organiser des soirées avec ses copines et de laisser ses enfants à la maison avec son mari.

Il faut reconnaître que public autour de ce spectacle débat demeure un public majoritairement féminin .

 

Le Choix du Texte

 

Ode à Médine est texte puissant. J'ai adoré la subtilité d'écriture de Sabine Revillet qui nous entraîne tout doucement mais sûrement dans le gouffre de la triste réalité de cette famille. Les responsabilités sont partagées. On entend très souvent le terme " il n'avait pas le choix" or  tous les adultes dans cette histoire avaient des choix.  Rien ne peut justifier leurs actes.

La metteuse en scène Stéphanie Corréia a fait le bon choix : simplicité et  sobriété et Maïté Cotton interprète très bien son personnage qui est complètement ravagé par la douleur, les regrets et l'amertume.

Je pense que tous les publics sont touchés par ce texte. Oui même les quelques hommes qui ont été là étaient très touchés. Cependant, c'est vrai que les femmes sont les premières à être victime de ces violences donc évidemment, elles sont les premières concernées.

C'est une pièce qui est partie pour tourner longtemps, la société régresse beaucoup sur les conditions de la femmes et il faut se battre, d'où "ode à Médine"

 

 

L'engagement et le combat personnel

 

J'ai eu la chance de grandir en Afrique. Très jeune, je faisais déjà ce que l'on appelle “des travaux de femmes”. Ma mère a eu très tardivement un fille, alors moi avant de jouer au ballon avec les autres enfants de mon quartier :  je transportais l'eau sur la tête, je balayais la maison, je cuisinais... Mes amis se moquaient de moi mais cela n'a rien changé à ma vie. Nous nous cachons très souvent derrière le regard de l'autre et nous l'utilisons comme alibi pour justifier notre lâcheté.

Ce débat permet de parler franchement à cœur ouvert et de partager les différentes expériences. Mon rôle est aussi de faire comprendre à certaines femmes qu'étant homme, je ne suis pas d'accord sur les pré-requis : c'est comme ça, ça se passe comme ça, on n'a pas le choix... Non, on a toujours le choix, moi je l'avais.

 

J'aurais pu dire que les moqueries de mes copains étaient infernales et m'empêchait de vivre, que je souffrais.

Quand j'ai commencé à faire du théâtre très jeune, les mêmes copains disaient aux autres jeunes que je formais que j'étais fou, et qu'il n'avait pas d'avenir avec moi. Pendant plus de cinq ans, c'était le même discours. Quand j'ai commencé à tourner en Europe avec la même compagnie et les mêmes jeunes, ceux qui me traitaient de fou, non seulement voulaient faire du théâtre mais ils savaient aussi que j'allais devenir un grand artiste.

Le regard et le jugement des uns et des autres c'est juste parce qu'ils n'ont pas ton courage.

Comme l'a dit Thomas Sankara: “si la femme attend que l'homme établisse des règles pour sa liberté, elle attendra encore et encore.”

 

 

Qui est Wenceslas Kibsa Balima :

Wenceslas Kibsa Balima, artiste franco Burkinabé, metteur en scène, comédien et conteur est un artiste associé au « Théâtre par le Bas » dirigé par Jean Luc Borg. Son rôle au sein de ce théâtre est de créer, diffuser des spectacles pouvant susciter des réflexions, des débats auprès du public. Wenceslas aime les spectacles engagés. Dans le dispositif du théâtre par le Bas, son rôle est de proposer des spectacles aux structures sociales, de les programmer et d'animer les débats avec le public.

Ode à Médine et les centres sociaux

Ode à Médine a joué cet hiver dans des centres sociaux. Après la pièce un débat s'est ouvert, laissant la parole a un public désireux de parler librement de la condition de la femme aujourd'hui. Les débats ont été parfois houleux, souvent en confrontation de générations, mais tous sont repartis avec cette idée que nous ne pouvons pas laisser les conditions de vie des femmes régresser. 

Rencontre avec Wenceslas Kibsa Balima, initiateur des débats. 

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