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PRESSE

Ils ont vu Ode à Médine

Véro Beno pour Théâtr'elle

La sublime prestation de Maïté Cotton, toujours juste et pourtant incandescente, trouble, dévastée, exaltée.

Ode à la vie

 

La première chose que l’on remarque en entrant dans le petit théâtre Darius Milhaud, c’est l’odeur de terre. L’odeur de la terre fraîchement remuée, celle que l’on pourrait sentir au petit matin quand la rosée recouvre encore les roses d’un jardin, ou celle du soir après la bruine. L’odeur de la terre qui, pelle après pelle, est jetée sur les cercueils.

Au centre de la scène donc, un tas de terre. En fond de scène, une projection de feuillages. Et puis Maïté Cotton arrive lentement. Elle porte une nuisette grise, ses cheveux sont lâchés. Depuis combien de temps cette femme ne s’est pas coiffée ? Elle a l’air perdue dans ses pensées, dans ses souvenirs, perdue tout court. Elle parle de ses fleurs, de sa passion pour elles. Une longue et lente logorrhée qui petit à petit rassemble les pièces d’un puzzle effroyable.

Sa fille est morte, enterrée vivante par un père qui ne supportait pas que Médine parle aux inconnus, que Médine rie, 

que Médine ne soit pas cloîtrée, emmurée. 

 

Alors il l’a enfermée à sa façon. Il a jeté sur elle la terre qui l’a fait taire à tout jamais. Depuis Magda est folle.

Un texte qui se découvre petit à petit, auquel il faut s’abandonner avec confiance. S’il peut être assez déroutant (et il vaut mieux, je pense, en avoir lu une introduction auparavant et savoir que Ode à Médine est écrit d’après une histoire vraie, un crime odieux commis en Turquie il y a quelques années) le texte de Sabine Revillet finit par charrier le spectateur et l’enferrer dans la démence de Magda. Le texte, oui, mais aussi et surtout la sublime prestation de Maïté Cotton, toujours juste et pourtant incandescente, trouble, dévastée, exaltée. Maïté Cotton est habitée, elle est Magda. Elle est la femme universelle, la mère, la jeune fille, l’enfant. Elle est toutes les femmes dont la vie est broyée par une société archaïque et inhumaine. Elle est la terre aussi, la terre des femmes, le terreau où germera un jour un monde où les femmes seront respectées. 

 

Véro Beno - mars 2016

 

 

 

Lire l'article sur le site de Théâtr'elle : 

 

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